Contexte

Lagos est un port du Nigeria installé sur les rives de la lagune de Lagos, elle même protégée de l’océan Atlantique par des îles et des barrières de sable. C’est aussi le nom qu’on donne à toute la région urbaine qui entoure ce port, incluant les îles et la partie continentale qui lui fait face. Cet ensemble constitue l’agglomération urbaine la plus populeuse d’Afrique avec ses quelques 10 millions d’habitants. La ville de Lagos s’étend sur 1000 km2 et inclut plus de 200 km2 de milieux humides, marécages et mangroves non attribués.

Bien qu'elle ait perdue son statut de capitale du pays, en 1991, Lagos demeure le centre économique, social, et financier du pays, en plus d’être le point de départ naturel des communications et des innovations nationales. La métropole est aussi le centre nerveux des activités manufacturières et industrielles du Nigeria en plus d'offrir le meilleur port de toute la côte ouest africaine, compte tenu de ses liens et de sa protection. Avec son aéroport et son réseau ferroviaire, c’est une plate-forme de transport clée non seulement pour le Nigeria, mais pour toute l'Afrique. (Olu Abiodun, 1997, p. 198)

GÉOGRAPHIE

Lagos est une mégapole établie sur un territoire qui occupe le double de la superficie de l'agglomération de Québec. Sa densité moyenne est cependant 10 fois supérieure et s'établit même à 55 000 hab./km2 pour le quartier de Ajeromi-Ifelodun (Lagos State Government, 2016); une condition urbaine inconnue au Québec ou au Canada.

COMPARAISON AVEC QUÉBEC

Lagos était originalement habité par les Awori qui sont une tribu appartenant au peuple Yoruba. Sous la gouverne de Oloye Olofin, les Awori ont déménagé sur une île appelé Iddo puis sur la plus grande île, celle de Lagos. Au 15e siècle, le village Awori a été conquis par l’empire du Bénin et devint un camp militaire Béninois baptisé « Eko » par l’empereur Béninois. Le peuple Yoruba utilise encore ce nom pour la ville de Lagos. Le nom a été donné en 1472 par les portugais qui avaient alors conquis le port. Lagos a ensuite été annexé au royaume Britannique en 1861, ce qui diminua drastiquement la traite des esclaves et établi le contrôle Anglais sur les différentes industries, notamment la production de coco.

La colonie du Nigeria, sous protectorat britannique, a été créée en 1914 et Lagos a été déclarée sa capitale. La ville a accueilli de nombreux migrant du pays et de l'Afrique de l'Ouest, mais aussi d’anciens esclaves créoles rapatriés de Freetown, du Sierra Leone, du Brésil et des Antilles. Lagos est demeuré la capitale du pays suite à la déclaration d'indépendance du pays vis-à-vis la Grande-Bretagne, en 1960 et a connu une croissance rapide en raison de l'essor économique du Nigeria jusqu’en 1967 alors qu’éclata une guerre civile. Le conflit, qui durera 3 ans, aura de lourdes conséquences sur le pays. La démocratie sera difficile a rétablir et plusieurs coup d’état se succèderont jusqu’au milieu des années 1990.

Le 14 Novembre 1991, la ville de Lagos est dépouillée de son statut de capitale qui sera transféré à Abuja, une nouvelle ville construite à cet effet. Aujourd’hui Lagos rassemble toujours une forte proportion de Awori, mais aussi de créoles aux influences portugaises et de nombreuses autres tribus.

HISTORIQUE

POLITIQUE

Les villes africaines de toutes tailles ont de la difficulté a se doter d’un gouvernement viable et d’un système de taxation capable de supporter, de manière équitable, les investissements nécessaires pour ses infrastructures. Une réforme de la politique et de son administration est donc à envisager pour une gestion plus saine du processus d’urbanisation. (Parnell et Pieterse, p. 9) Pour Lagos - et certaines autres villes africaines - le risque d’une gouvernance trop imposante au niveau national peu porter ombrage aux autres villes du pays, alors sous représentées sur l’échiquier politique. L’Afrique est aussi réputée pour avoir des cercles de pouvoir qui peuvent se chevaucher plus qu’ailleurs et la compétition peut donc y être féroce. « Learning where power lies in the city can be as challenging as persuading those in power of the need of change. » (Parnell and Pieterse, 2014, p. 10) Finalement, le Nigeria est le seul pays du monde disposant d'importantes ressources pétrolières à présenter ,annuellement, un déficit budgétaire (Thiam, 2007).

DÉMOGRAPHIE

La population du Nigeria a toujours été en hausse depuis que la banque mondiale compile des données démographiques. Cette hausse s'est poursuivie, mais a été ralentie, lors de la crise pétrolière du début des années 80. Le Nigeria est un pays qui, encore aujourd'hui, possède une croissance démographique parmis les plus élevée sur la planète. La population de Lagos a subie une progression similaire à celle de son pays, mais avec des valeurs exacerbées. Après une hausse de population d’un maximum de 3,3% par an, durant la période entre les deux guerres mondiales, cette progression s’est envolée à une rythme annuel de 14% à la suite de l’indépendance du pays, en 1960. Cette gigantesque évolution pourrait s’expliquer par une hausse de l’immigration. Aujourd’hui la natalité semble être de nouveau la cause principale de la croissance de la population, qui s'est depuis réduite à 4,5% par année. (Olu Abiodun, 1997, p. 195)

Le taux de natalité de l’Afrique, actuellement le plus élevé au monde, constitue un facteur plus important que l'exode rural pour expliquer le développement urbain actuel du continent.

« […] no matter what governments try to do to keep development and people in rural areas, increasing level of urbanisation are probably inevitable and must be confronted. » (Parnell and Pieterse, 2014, p. 5)

Lagos n’échappe pas à cette tendance, elle en est plutôt le porte-étendard.

L’espérance de vie en Afrique est généralement moins élevée qu’en tout autre pays occidental et le Nigeria n’échappe pas à la règle, il tarde même à s’élever malgré les progrès mondiaux en matière de santé publique mondiale. Le Nigeria affiche un retard de 30 ans sur l’espérance de vie moyenne au Canada et l'écart est sensiblement le même depuis plus de 50 ans.

CONDITIONS DE VIE

Le rapport des Nation Unis sur la qualité de l’habitat tente de définir un espoir en classifiant les conditions de vie des quartiers pauvres (slums). L’organisme a défini 5 déficiences majeures à la qualité de vie :

Accès à l’eau potable
Accès à des installations d’hygiène
Espace intime (moins de 3 personnes partageant la même pièce)
Qualité structurale et durabilité de l’habitation
Sécurité et propriété définie de l’habitation

On y apprend que l’Afrique mène malheureusement le palmarès mondial de l’habitation déficiente. Plus de 60% de sa population vit dans des conditions de vie comportant l'une ou l'autre des déficiences mentionnées. Malheureusement, c'est aussi un tiers de cette population qui survit malgré des conditions de vie qui comporte la plupart des déficiences mentionnées.

La ville de Lagos est réputée pour avoir modifié la culture du crime en Afrique et avoir été un précurseur dans l’avènement de crimes violents au sein de la ville, de gangs de rue, de délinquance juvénile et d’une nouvelle forme de pauvreté associée à l'exode rural dans des conditions de dislocation sociale et de faible scolarisation. (Fourchard 2005, p. 292) Les Nations Unies estiment que 25 millions de jeunes vivent dans des conditions de misère sociale et économique au Nigeria. Plusieurs tensions religieuses sont présentes et ajoutent à la complexité de ce climat de violence. La secte islamique Boko Haram en est une triste illustration.

« […] violence, while not necessarily centered on cities or taking place throughout the continent, is disproportionately influencial in shaping the contemporary African landscape. » (Parnell and Pieterse, 2014, p. 2)

QUÉBEC

Population : 540 994

Superficie : 453,86 km2

Densité : 1 192 hab./km2

LAGOS

Population : 18 000 000

Superficie : 999,6 km2

Densité : 12 095 hab./km2